MILLEVACHES – l’interview de Bill et la galerie photos HD

Une fois n’est pas coutume, si, depuis 2009 nous n’avons raté aucune édition des Millevaches, pour 2016, nous aurons un regard appuyé sur l’organisation, au travers d’une interview de Bill
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Patrice Altazin
Bonjour Bill, alors, c’est toi le président du Moto-Club Meymacois, le grand ordonnateur de cette hivernale des Millevaches ?

Bill
Président, oui, et même fondateur de ce club il y a maintenant près de 19 ans.

Mais je ne me qualifierais pas de grand ordonnateur. Plutôt un chef d’orchestre, l’animateur d’une troupe surmotivée où chaque rouage parfaitement huilé jouit d’une grande autonomie.

Avec les sept premières années d’expérience, un grand nombre de réflexes sont pris et chacun prend en charge son domaine avec une efficacité grandissante et les actions de tous s’inscrivent dans un schéma global cohérent bien qu’en constante évolution.
 

 
 
Mototribu
Tout de même, les Millevaches ce n’est pas une petite concentre de province, sans être péjoratif.

Accueillir plusieurs milliers de motards au milieu de nulle part et avec des risques climatiques élevés, cela ne se fait pas en claquant dans les doigts !

Bill
Effectivement. Mais seule la première année a été vraiment difficile. Il fallait tout inventer et surtout réagir vite. Tiens, juste quelques chiffres pour te donner une idée.

En 2008, lorsque nous avons décidé de relancer cette hivernale mythique nous estimions que si nous réunissions entre 300 et 500 motards pour le quarantième anniversaire de sa création, nous aurions gagné notre pari.

En 2009, une semaine avant l’évènement, nous avions déjà plus de 1000 inscrits et en finale, c’était 1800 motards qui étaient présents …
Là, je t’assure que c’était la panique … et pourtant, comme l’on dit dans notre monde, « c’est passé, c’était beau … ».

 

 
Maintenant, nous avons une colonne vertébrale aussi souple que solide.

Un Comité Directeur d’une douzaine de personnes où chacun prend en charge son domaine avec une grande autonomie, mais aussi avec une attitude sainement critique sur les domaines connexes ce qui nous offre une grande réactivité dans une cohérence globale.

Et dans le feu de l’action, des étapes préparatoires au week-end fatidique, cette équipe anime plus d’une soixantaine de bénévoles au total qui assument avec vigueur, mais aussi bonne humeur, toutes les tâches …
 

 
 
Mototribu
Bon, ton orga à l’air de rouler parfaitement. Tu peux nous faire un bilan de cette édition 2016, à chaud ?

Bill
Un bilan, non, j’en suis incapable à ce stade.

Tout va si vite pendant ce week-end que chacun de nous n’en a qu’une vue parcellaire et il faut que nous fassions une synthèse avant de réaliser un véritable bilan. Mais ce sera fait pour notre prochaine AG.

Néanmoins, nous tirons déjà des enseignements de ce qui se passe au fur et à mesure du déroulement et avons déjà pris certaines décisions, dans le feu de l’action.
 

 
 
Mototribu
Ah oui ! As-tu des exemples ?

Bill
Le plus flagrant s’est probablement passé dès vendredi soir.

Cette année, pour répondre à une pratique grandissante d’arrivées précoces, nous avions organisé l’accueil dès le vendredi après-midi alors que pour les précédentes éditions nous ne le faisions que le samedi, à la salle des fêtes de Meymac.

Et pour éviter de répartir nos troupes sur deux sites, cet accueil était prévu directement à Millevaches.

Dans les faits, cela s’est révélé complexe et inadapté.

L’attente était trop grande et engendrait des désagréments aux villageois et même des risques potentiels. En effet, avec l’abondance de motos et side-cars, à certains moments un camion de pompier n’aurait pas pu passer en cas de besoin …

En fonction de ces éléments, la décision était immédiatement prise de reconduire l’accueil du vendredi l’année prochaine, mais à Meymac où l’espace est plus grand et plus adapté à ces afflux massifs.
 

 
 
Mototribu
Tout à l’heure, j’ai entendu parler de déconvenues de participants se présentant une semaine à l’avance.
C’est quoi cette histoire ubuesque, un égarement de langage, une mauvaise interprétation de ma part ?

Bill
Non, malheureusement, tu as parfaitement compris …

Mais je ne veux pas rentrer dans cette polémique qui s’éteint doucement.

En fait, une autre manifestation, créée en 2013, s’est bâtie sur une signalétique et des messages très proches des nôtres, d’où une confusion certaine pour nombre d’adeptes.

Et c’est bien dommage car nous apprécions de voir fleurir d’autres hivernales, chacune ayant ses spécificités ce qui permet à tous de varier les plaisirs et de choisir son domaine de prédilection …

Néanmoins, pour tenter de limiter ces bévues, nous allons accentuer une communication différenciée en nous appuyant sur deux facteurs objectifs, éloignés de tout jugement de valeur, plutôt subjectif, par essence.

Le premier critère est géographique. L’hivernale des Millevaches se déroule à Millevaches en Corrèze et sur le plateau de Millevaches, en Limousin.

Le second est historique. Michel Perdrix a créé cette hivernale ici et nous souhaitons lui rendre hommage en la laissant ici.

Accessoirement, c’était aussi la volonté du petit groupe qui l’a relancée en 2008 …
 

 
 
Mototribu
Bon, si tu ne veux pas faire de bilan, as-tu quand même quelques avis sur cette édition 2016 ?

Bill
Oh, des avis, ce n’est pas ce qui manque …

D’abord, un phénomène complétement indépendant de notre volonté, la météo.

Très douce, trop douce même pour les puristes, elle engendre la venue de participants non rôdés aux codes régissant les amateurs d’hivernales et cela crée quelques tensions.

En effet, des débordements rageurs de moteurs ne sont pas bien vus par cette population généralement amoureuse de leur machine et respectueuse de leur mécanique …

Si ces attitudes sont maintenant complètement intégrées autour des circuits par exemple, elles ne sont vraiment pas de mise ici.

A titre d’exemple, je vais reprendre les propos émis par ‘un participant ce matin devant le café et qui exprime parfaitement ce que viennent chercher et vivre les adeptes d’hivernale : les rencontres et le partage :

« Hier soir, c’était magique.
 

 
Le bruissement des conversations envahissait notre univers.

C’était un champ de paroles [ou un chant de paroles, d’ailleurs, à l’écrit c’est plus subtil – NDLR]!

Puis un claquement de rupteur est venu détruire cette fantastique ambiance.

Heureusement une huée spontanée et quasi générale a réduit au silence ce moteur malmené … et rétabli la douce alchimie. »

Il est d’ailleurs à noter que ce type d’attitude est aussi dénoncé par les habitants.

Cette année, nous avons déjà eu quelques remarques sur des tentatives de stunt en ville, des excédents de décibels …

Si les résidents apprécient l’ambiance et même attendent avec impatience les Millevaches pour profiter de ces moments aussi magiques que relativement mystérieux, ils ne souhaitent pas subir ce type de débordements …

Un autre exemple, particulièrement positif …

Tu vois nos bénévoles qui reviennent de leur traque de nettoyage du pré ?

Ils sont souriants, heureux. Leur action est réduite car les participants ont entendu nos appels à une attitude écologique et il reste très peu de détritus en vrac …

Et c’est d’autant plus positif que nous nous échinons à éviter tout accident avec une vache qui ingérerait un objet dangereux!
 

 
 
Mototribu
Malgré la fatigue aussi visible que compréhensible, toi, comme toute l’équipe, vous semblez assez euphoriques.

Bill
Mais il y a de quoi …

Tu ne sens pas cette ambiance ?

Regarde toutes ces personnes différentes, toutes ces machines différentes, tous ces sourires …

Ecoute tous ces remerciements, tous ces au-revoir, toutes ces promesses de se retrouver, …

Oui, nous sommes heureux et fiers d’avoir pu générer un tel élan, sans sectarisme, où la volonté commune est de se rallier, d’échanger, de faire une pause salutaire dans la tonitruante vie de tous les jours autour de notre passion de la moto.
 

 
 
Mototribu
Allez, exceptionnellement, je vais m’octroyer le mot de la fin.
À Mototribu, nous vous suivons depuis le début, nous n’avons manqué aucune édition …

Et si vous pouvez effectivement être fiers du chemin parcouru, nous, nous sommes particulièrement heureux de l’avoir accompagné …

A l’année prochaine Bill, et même peut-être avant !