Dorénavant chaque coup dur vaudra très cher. Et le 1er à en payer le prix aura été Casey Stoner. Dans ce GP de France la Ducati a connu des soucis mécanique (on se souvient qu'en 2006 les mêmes mésaventures avaient coûté le titre à Rossi) et terminé dernier, laissant filer ses adversaire... Premier tournant de la saison?

Stoner réalisera le hole shot parfait, suivi comme son ombre par Pedrosa et par un Edwards très accrocheur bien coaché après la Chine par Hervé Poncharal, le patron de Tech3.

Randy De Puniet accomplira un départ encore moyen. Déporté par un autre pilote il choisit la sécurité en coupant dans les dégagements au 1er virage. Y mieux pour se sentir en confiance!

Malgré un excellent départ James Toseland partira rapidement mais définitivement dans les graviers, victime d'une erreur de trajectoire d'Andrea Dovizioso. C'est le métier qui rentre!

Autre coureur mal parti Jorge Lorenzo. Blessé comme il l'est on ne peut guère reprocher à l'espagnol de se montrer au moins dans les phases de départ. Lorenzo ne pointe qu'en 9ème position dans les 1ers tours du GP.

Un GP où les cadors s'expliquent sans modération dès le début de la course. Valentino Rossi est proprement déchainé. Après avoir ajusté Edwards, il règle Pedrosa d'un inter autoritaire!

L'espagnol essaie de répliquer mais sans succès. Il dottore ferme la porte extérieure.

Les 4 pilotes, Stoner en tête, fournissent un spectacle exceptionnel! Pedrosa tentera de faire les freins à Rossi en bout de ligne droite mais se fera presque ridiculiser par le pilote Yamaha sur ce coup là!

Dans la foulée c'est Rossi qui s'attaque à Stoner. Il le passe. Mais Vale est contraint d'élargir en laissant la porte ouverte à la Ducati. Stoner ne se le fait pas dire deux fois et repasse à l'intérieur. Géant!

Mais ce n'est que partie remise. Quelques courbes plus loin Rossi réussit impeccablement son inter et s'empare de la tête de la course. On sent Stoner mal à l'aise. Moins rapide en courbe que Pedrosa l'australien bouchonnerait presque la Honda.

Pendant ce temps là Jorge Lorenzo entreprends une lente remontée au classement.

Lorenzo blessé certes! Mais aussi gravement qu'on l'imagine? N'y aurait-il pas une graine de Rossi dans le petit bonhomme Chupa Chups?

Valentino Rossi lui est sur un petit nuage, comme un de ceux qui commencent à s'amonceler au-dessus du circuit du Mans. Vale s'échappe inexorablement et avec une aisance qu'on avait un peu trop vite oubliée.

Pedrosa à plus de 2,5 secondes réagit en doublant un Stoner vulnérable. A tel point que Colin Edwards (Tech 3) s'enhardit à son tour et plante quelques banderilles sans effet, dommage car Edwards avait les moyens de passer la Ducati à la régulière.

Derrière Vermeulen n'est pas loin, suivi par un Lorenzo de plus en plus à l'aise au fil des tours. Vermeulen ne résistera d'ailleurs pas bien longtemps à Jorge la tornade. Mine de rien le coéquipier de Rossi est remonté de la 9ème à la 5ème place en un temps record!

Drapeau blanc, des goutelettes font leur apparition sur le circuit et les pilotes sont autorisés à changer de moto. Mais personne ne s'y risque pour le moment. Sauf Melandri, qui tente un coup de poker, en échangeant sa Ducati. Ca aurait pu payer...

Pluie et soleil alternent selon les parties du circuit où l'on se trouve. Cela ne ralentit nullement les ardeurs de Rossi qui caracole toujours en tête tandis que sa moto de pluie l'attend sagement au paddock!

Une détermination extrêmement payante pour Lorenzo puisque juste après ce dépassement la Ducati de Stoner connait des problèmes moteur dans la ligne droite des stands. Exit l'australien qui repartira néammoins mais en dernière position.

Survolté par ce généreux coup du sort Lorenzo enfume Pedrosa aussi vite qu'il a doublé Edwards et Stoner. Le pilote Honda en prend certainement un coup au moral car Edwards aiguillé par l'audace de Lorenzo passe à l'attaque (il était temps) et dépasse à son tour la Honda Repsol de l'espagnol.

Les 5 derniers tours... on assure

Rossi assure sur une piste humide par endroits.

Lorenzo assure également. Il faut dire que sa seconde place est déjà inespérée.

Juste derrière Vermeulen court l'un de ses meilleurs GP depuis le début de la saison tandis que Dovizioso conduit sa Honda au maximum de ses possibilités à la 7ème place!

Randy De Puniet a enfin réussi à se détacher de son groupe mais il ne lui reste plus assez de tours pour aller chercher Hayden et Capirossi. Le français se contentera d'une correcte 9ème place.

Dans le dernier tour Vale ne commettra pas de faute et remportera une victoire décisive. Lorenzo exceptionnel second et Edwards 3ème complètent ce podium 100% Yamaha!

Rossi fera le show de cette fin de course en effectuant un tour d'honneur chalé par Nieto dont il vient d'égaler le record de 90 victoires en GP! Excusez du peu.

Dans un autre genre Lorenzo lui aussi fait le spectacle, tantôt porté par ses mécanos, tantôt en béquilles ou plus simplement assis sur une chaise comme sur le podium. Tout cela est-il bien raisonnable?

A moins d'être médecin soi-même et d'avoir eu entre les mains les radios de Lorenzo impossible d'émettre un jugement sensé. Alors contentons nous d'admirer la performance du jeune pilote qui réussit un début de saison exceptionnel et s'affirme à ce jour comme la plus sure relève du maître... son coéquipier!

Honnêtement, je ne pensais pas être aussi rapide ce week-end, mais avec Jeremy (Burgess, son ingénieur, ndlr) et le team nous avons décidé d'apporter quelques petites modifications ce matin et durant la course, ma Yamaha M1 et les pneus Bridgestone ont été brillants du début à la fin.

Quand il a commencé à pleuvoir, je me suis dit "Non, pas ça !" et je me suis mis à rouler de manière plus douce. J'avais un bon rythme et je ne jugeais pas utile de changer de moto.

Par chance, la pluie a rapidement cessé. C'est un grand moment pour Yamaha d'avoir trois motos sur le podium et je tiens à féliciter Jorge pour avoir obtenu ce résultat avec sa condition physique actuelle.

Je suis très déçu. Je n'avais pas les bonnes sensations sur la moto et je n'arrivais pas à donner le maximum dans les premiers tours.

J'ai failli glisser dans les premiers virages et j'ai commis une erreur en faisant un tout droit. Je ne sais pas trop quoi dire. Aujourd'hui, je n'ai vraiment pas réussi à piloter comme j'aurais voulu. J'espère faire mieux dès la prochaine course

Sur une piste séchante et piègeuse on sent bien que tous les autres attendent qu'Alex Debon réédite sa gamelle du Qatar et se casse la figure. Ils en seront pour leur frais, Alex sera solide au Mans.

Le seul à sentir le coup est Aoyama sur sa KTM qui emboîte un instant la roue de Debon. Mais après une tentative de dépassement du japonais avortée par une fermeture de porte autoritaire de Debon, l'espagnol mettra la poignée dans le coin et le pilote KTM se retrouvera instantanément largué!

Debon ne représentant pas (encore) une menace iminente au classement 250 les leaders du général en tête de course (Pasini, Simoncelli et Kallio) ne prennent pas de gros risques pour le rejoindre.

On peut légitimement se demander, comme eux d'ailleurs, si Debon a les épaules assez larges pour mener de bout en bout un Grand Prix...

Après Aoyama c'est Takahashi qui reprend le flambeau du poursuivant de Debon. Mais plus de 5 secondes tout de même de l'espagnol qui a déjà accumulé une belle marge de sécurité.

Les tours s'enchaînent et la situation n'évolue pas beaucoup. Pesek part dans les graviers sans dommages. Un autre outsider Julian Simon se met en évidence en rejoignant Takahashi intercalé entre Debon et le groupe Kallio.

Au chapitre des bonnes nouvelles il convient de saluer le retour au devant de la scène de Manuel Poggiali. Discret depuis le début de saison le pilote de San Marin est solide dans ce groupe des poursuivants. Simoncelli, Pasini et Poggiali roue dans roue ça sent bon l'arsouille à l'italienne ça! 

A 10 tours de la fin la situation est la suivante. Alex Debon plane au dessus de la course seul en tête. Ses 2 poursuivants sont Takahashi et Simon. Tandis qu'un peu plus loin on trouve un quatuor constitué de Pasini, Kallio, Poggiali et Simoncelli.

Sous l'impulsion de Kallio le groupe commence à se secouer, il était temps! Car à cet instant tout ce beau monde est au pied du podium : ça fait désordre.

Du coup l'écart entre le groupe et Simon (3ème) se met à fondre comme neige au soleil.  La jonction s'effectue à 5 tours de l'arrivée et les cadors donent le tournis à ce pauvre Simon dépassé en même temps par la droite et la gauche par Kallio et Pasini.

Takahashi résiste un tout petit peu mieux que son compagnon d'échappée. Mais Pasini lui fera la leçon quand même sur un bel inter des familles.

Pasini devant, c'est Simoncelli qui se réveille dans les 2 derniers tours, saute Takahashi et s'en va chercher son compatriote. On se dit que Pasini ne se laissera pas faire mais dans l'avant dernier virage Simoncelli réussit encore un tour de passe passe et se faufile en seconde position.

Le français n'a pourtant pas la partie facile puisqu'il ne part qu'en seconde ligne. Son départ sera d'ailleurs à l'image de cette place puisque le français 7ème dans les 1ers tours effectue un début de course prudent!

Ceci dit il se trouve dans le groupe des 7 "rapides" en tête de la course : Gadea, Talmacsi, Bradl, Rabat, Corsi et Terol. Bref le bon wagon, à l'inverse de Smith, parti en 1ère ligne et égaré à la 15ème place!

Pendant 10 tours les leaders se succèderont : Talmacsi, Gadea, Bradl sans qu'aucun ne soit en mesure de prendre un avantage décisif. Derrière Smith cravache pour revenir dans les 10 premiers tandis que Mike Di Meglio reste bien calé à la 7-8ème place, handicapé par un moteur un peu poussif.

Finalement c'est un peloton de 10 coureurs qui se forme petit à petit. Terol puis Olive prenant un nouveau commandement et Smith fermant la marche.

Autorisés à changer de motos à 12 tours de la fin les pilotes jouent au chat et à la souris avec les conditions météo.

A 9 tours de la fin la course sera interrompue à cause de la pluie, mais comme 75% de la course n'a pas été disputée les pilotes sont bons pour rempiler pour 5 tours...

5 tours d'anthologie pour le français Mike Di Meglio

Le second départ est carrément donné sous la pluie. La piste est très glissante : la 1ère victime sera Esteve Rabat. Talmacsi à l'aise dans ces conditions, en Chine il avait talonné Di Meglio pendant presque toute la course, prend le commandement de ce nouveau mini GP.

Smith, qui n'a pas manqué son départ cette fois-ci, pointe 3ème et Mike est dans ses roues, loin cependant de la tête de course. Mais le sort va s'en mêler puisque Talmacsi ira au tapis sur un highside tandis que Smith en profitera pour tirer les marrons du feu et s'emparer du leadership.

Mike Di Meglio va alors démarrer son récital. Doublant d'abord Terol (repêché lui aussi par ce nouveau départ) comme à la parade avant de partir à la chasse de Bradley Smith. Il le doublera sans trop de difficulté au freinage (sur des peufs) en bout de ligne droite.

Smith ne cherchera pas à lutter, largement surclassé par le français qui prend immédiatement ses distances. Reste maintenant à Mike Di Meglio à demeurer sur ses roues pendant les 2 derniers tours de la course.

Le dernier tour est crispant. Le public déchaîné encourage le français à gorge déployée. Et Mike parviendra avec brio à remporter ce GP courru pour partie sous la pluie. Une victoire belle et méritée.

Nico Terol redore le blason des Jack and Jones en s'octoryant une inespérée 3ème place.