MOTO GP – en direct de Valencia, on est pas au pays des bisounours

Le dernier Grand Prix de la saison est toujours un peu spécial, pour tout le monde.
Pilotes, techniciens, staffs en tous genres, médias… etc

Une ambiance qui tient à la fois des derniers jours d’école qu’on a tous connu mais également de veille d’examen (pour ceux qui jouent encore les titres ou les places d’honneur) avec toutes les disparités que cela comporte.

Nous ne reviendrons pas sur le tragique évènement de Sepang qui rajoute une touche de gravité à ce dernier GP et mobilise à la fois tous les décorateurs pour adjoindre un 58 sur la quasi totalité des motos des plateaux 125, Moto 2 et Moto GP bien évidemment.

Sur un plan plus général il ne faut pas se cacher que la pratique du sport moto de très haut niveau est également étroitement liée à la possession de (très) gros moyens financiers et que dans l’immense majorité des cas ce sont bien les pilotes (ceux là même qui risquent leur vie par ailleurs) qui financent ce sport!

Une notion un peu trop vite oubliée ou éclipsée par les paillettes de la catégorie reine.

Mais dans les deux autres catégories ce sont les pilotes qui financent les Teams et pas l’inverse

Valencia 2011 – ciel sombre pour certains pilotes français à Valencia

Sans Midi Traçage par exemple (le plus gros sponsor de Johann Zarco) et la passion d’un patron qui préfère financer un petit gars du Pontet plutôt que de se payer une Ferrari ou des vacances à Tahiti, point de Johann dans une écurie de pointe avec une moto préparée aux petits oignons, point de podiums, point de victoire, point de montée en Moto 2 et point d’éclosion de champion…

Nous caricaturons un peu mais pas tant que cela.

Car à l’heure actuelle nos pilotes français (Johann Zarco mis à part) sont tous dans le même bateau : trouver un Team pour l’an prochain.

Nous, simples spectateurs de ce sport nous pensons naïvement que leurs performances sportives sont étudiées à la loupe par les Team Managers…

Détrompez-vous car la première question qu’on leur pose c’est : «combien?»

Valencia 2011 – Michel Rey patron de Midi Traçage et son épouse l’exemple même du sponsor passionné : chapeau!

Autrement dit si vous-mêmes avez les moyens de mettre
300 000€ sur la table il est fort probable que vous trouverez sans peine une place en 125 et si vous rajoutez 100 ou 200 000€ supplémentaires les portes de la Moto 2 vous sont à priori ouvertes.

L’à priori ne vous astreignant qu’à une chose avoir au moins le niveau pour vous qualifier, histoire de ne pas vous ridiculiser, et le Team avec, au yeux de la planète entière en 2012.

Mais si vous avez le minimum de niveau requis alors c’est banco!
Pour le moment nous n’en sommes qu’aux prémices du système.

Qu’en sera-t-il dans le futur?
Les bons pilotes moins fortunés devront-ils céder la place à des poireaux de bon niveau mais aisés?
On peut espérer que non mais c’est à suivre avec attention.

Valencia 2011 – une 125 avec un moteur original en wild card à Valence, celle du champion de Scandinavie Emil Meyer Petersen

Cependant ne croyez pas pour autant que si vous apportez le budget on vous déroulera le tapis rouge.
Dans certains cas on vous dira tout juste bonjour du bout des lèvres durant les 8 mois de la saison!
Surprenant non?

Pour la peine on rajouterait presque 10 000€ rien que pour que le Team Manager soit obligé par contrat de vous décrocher au moins une parole gentille par GP.

Là aussi cela fait partie du quotidien de certains pilotes et que beaucoup ignorent.

Si nous résumons la situation il existe 4 cas de figure :
– Les Teams qui vous donnent des motos pourries et qui ne vous aident pas
– Ceux qui vous donnent des motos pourries mais qui au moins se lèvent l’âme pour vous
– Ceux qui vous donnent une bonne moto et vous laissent vous démerder avec considérant que leur contrat est rempli.
– Et enfin il y a ceux qui vous donnent une bonne moto et vous aident.

Valencia 2011 – certains (tels Alexis Masbou) sont pleins de ressources… (lol)

Nos pilotes français (hors Moto GP) sont à peu près répartis dans les 4 cases.
Cela ils ne vous le diront qu’en off mais c’est pourtant la réalité.
Il faut le savoir lorsque, assis dans notre canapé, nous les critiquons bien souvent sans savoir quel est l’envers de leurs décors.

Sans compter que tous n’ont pas la chance d’avoir des Laurent Fellon à leurs côtés qui se vouent corps et âme à leur carrière.

Tous doivent en effet se transformer plus ou moins en VRP une fois les courses finies et plutôt plus que moins plus la saison tire à sa fin.

Bref, sans vouloir noircir le tableau dans le lot il y en a certains qui commencent à être un peu las (pour ne pas dire plus) du système et pour lesquels la notion de «payer pour travailler» semble tout aussi incongrue qu’à vous et moi avec tous les risques inhérents au sport moto et sans les assurances que tout un chacun est en droit de souscrire dans la vie courante…

Valencia 2011 – Laurent Fellon l’ami Manager de Johann Zarco en compagnie de deux sponsors de la région avignonaise Jean Marc Perrut (à gauche) de la Metallerie Perrut et Stéphane Decancellis du magasin Intégral 2 roues