ENDURANCE – 24h Motos, le récit du team TRT27

Voici le récit des 24h Motos 2023 du team TRT27 signé Patrice Altazin.

24 Heures du Mans – 1 semaine au sein d’un team « Stock ».

L’équipe du TRT27 nous accueille pour sept jours d’immersion au sein de ce team « amateur » (mais ce terme générique est-il bien choisi vu le professionnalisme de chaque composante ?).

Créée en 2002 par Eric Tanésie après sa carrière de pilote, l’équipe se compose d’une trentaine de bénévoles qui s’investit sans compter autour d’une Suzuki GSX 1000.
 

 
En effet, la « tribu » s’étoffe autour de multiples spécialités :

• Les pilotes bien sûr, cette année trois anglais, Tom Ward, David Shoubridge et Tom Oliver ;
 

 
• Les mécaniciens et assimilés qui doivent assurer la maintenance préventive, l’entretien mais aussi toutes les opérations durant la course (ravitaillements, changements de roues et plaquettes, chronométrage, …) tout en restant vigilants afin de réagir au plus vite en cas d’incident ou de chute ;
 

 
• Et l’inévitable duo de « cantinières », Maryse et Amélie, qui organise et orchestre avec brio les activités culinaires, véritable clef de voûte de la bonne ambiance de l’ensemble et de la productivité de chacun.
 

 
Lundi 10 avril.

Les premiers braves sont à pied d’œuvre au petit matin. D’ailleurs certains sont arrivés la veille au soir afin d’être plus rapidement opérationnels.
 

 
En effet, la tâche est lourde. Il faut agencer le box, installer tout le matériel et les motos, mais aussi dresser l’hospitality et la rendre opérationnelle pour sustenter les troupes qui grossissent au fur et à mesure de la journée.
 

 
Les averses à répétition n’entament pas la bonne humeur et la journée se termine avec des personnes fatiguées mais prêtes pour le lendemain.

Les trois pilotes profitent de cette fin de journée pour partir, à pied, à la reconnaissance du circuit. Si les deux Tom ont fait leurs premiers tours de roues sur le Bugatti lors des essais pré-Mans, David doit appréhender au plus vite ce tracé … encore inconnu.

Avec l’assistance d’un autre pilote déjà confirmé ici, ils analysent les trajectoires, mémorisent chaque enchaînement et, ainsi, vont optimiser leur travail des jours suivants.
 

 
 
Mardi 11 avril.

Journée cruciale de « mise en jambe » pour toute l’équipe avec les essais libres.

Pendant que les mécanos reprennent leurs marques dans le box, les pilotes approfondissent leur connaissance du circuit et acquièrent les automatismes qui vont leur permettre d’améliorer leurs performances. Mais les conditions ne sont pas optimum avec 4° et une humidité tenace.
 

 
Néanmoins quelques minutes d’inquiétude émaillent cette journée : David ne repasse pas devant la cabine de chronométrage …
Aucune information n’est transmise. Panne, chute ?

En fait, un incident technique oblige David à profiter d’une navette pour rentrer … sans efforts et par la porte de derrière !
Il est vite remédié à cette panne mineure et la Suzuki #27 reprend sa ronde infernale.
 

 
 
Mercredi 12 avril.

Journée sans piste, dédiée aux différents contrôles administratifs et techniques.

Les équipements des pilotes (casques, gants, combinaisons, bottes, dorsales, etc. …) sont auscultés afin de vérifier les niveaux de conformité et de sécurité.

Quant aux machines, elles doivent répondre à de nombreux critères (poids, bruit, éclairage, organes et équipements de sécurité, etc. …) qui sont scrupuleusement contrôlés.
 

 
Les pilotes vont ensuite parader pour la photo officielle.
 

 
Non sans faire une longue pause pour observer une autre Suzuki, la #12 du SERT :
 

 
Après les affres des coups de vent déstabilisant les barnums, le repas du soir conclue bien agréablement la journée avec de somptueux burgers maison et des mousses chocolat et caramel. Un délice.
 

 
Un fait, à priori anodin traduit bien l’esprit d’équipe, la symbiose entre toutes les composantes. Le lave-vaisselle étant en panne, chacun fait la queue pour laver sa propre vaisselle et ainsi ne pas ajouter un surcroit de travail à Maryse et Amélie … Solidarité, mais aussi bons moments de railleries, quolibets et éclats de rire.
 
 
Jeudi 14 avril.

La journée débute avec la dernière séance d’essais libres. Si les pilotes continuent d’acquérir des automatismes, les mécaniciens ne sont pas en reste.
 

 
A midi, les premiers partenaires viennent profiter du spectacle et partager le repas, à l’image de cette entreprise fêtant ses 20 ans. A cette occasion, le patron a affrété un car et convié tout son personnel à ces moments exceptionnels.
 

 
Ces partenaires sont une des deux clefs de voûte de l’équipe, avec les bénévoles. Leurs engagements financiers sont primordiaux, et ils peuvent ainsi constater au plus près les moyens mis en œuvre, comme ici, directement dans le box :
 

 
L’après-midi, nous entrons dans le vif du sujet avec la première séance d’essais qualificatifs.
Quatre sessions de 20 minutes chacune successivement pour les pilotes des brassards bleus, jaunes, rouges puis verts (remplaçants).
La grande problématique de cette matinée réside dans les choix des pneus avec une météo capricieuse et des températures basses.
 

 
Tom Ward est donc le premier à entrer en piste. Il joue de malchance. Les drapeaux jaunes puis rouge ne lui offrent pas assez de tours francs et, pour la fin de la session la piste devient séchante mais il ne dispose plus du temps nécessaire pour un changement de pneumatiques.
Bilan, tout est à refaire le lendemain.
 

 
C’est ensuite au tour de David Shoubridge. Bien que « newcomer » sur cette piste, il se classe dans les 15 meilleurs temps.
Edifiant et prometteur !
 

 
Quant à Tom Oliver, comme David, il assure sa qualification.
 

 
La journée se termine par les essais de nuit, phase primordiale pour tous. Si les pilotes doivent s’habituer à de nouveaux repères dans des éclairages différents,
 

 
C’est tout aussi vrai pour les chronométreurs dont la tâche de repérage de la moto dans la ligne droite s’avère encore plus ardue :
 

 
Mais aussi pour les mécaniciens et ravitailleurs qui assurent les relais :
 

 
 
Vendredi 14 avril.

10h00, début de la seconde séance de qualification, sous la pluie …
Il est donc évident que David et Tom Oliver ne seront pas en mesure d’améliorer leurs temps. Dans un souci d’économie (pneus, essence) et de gestion du risque, ils ne prennent pas la piste et tous les efforts se portent sur la qualification de Tom Ward.
 

 

A la satisfaction de tous, elle est obtenue sans difficultés.
 

 
Dans l’après-midi, si Tom, avec un sourire goguenard, se livre à quelques travaux de couture,
 

 
Les mécaniciens se lancent dans une révision complète des deux motos. Et complète n’est pas un vain mot, comme le prouvent ces deux cadres mis à nu :
 

 
Au fil des heures, aux bons soins de mécanos aussi précis qu’efficaces, les machines retrouvent leurs aspects d’origine,
 

 
Pour qu’une des deux motos soit enfin prête à aller parader en pit-lane, devant la foule des spectateurs en visite.
 

 
Ainsi, pendant deux heures, nos trois pilotes dédicacent les affiches et chahutent avec le public, évinçant autant que possible la barrière de la langue.
 

 
Et Eric Tanésie, le team manager, en profite pour répondre à une interview télévisuelle.
 

 
Pendant ce temps-là, les mécanos finissent de remonter la seconde moto afin que les deux soient opérationnelles pour le warm-up du lendemain.
 

 
 
Samedi 15 et dimanche 16 avril.

Au petit matin, les mécaniciens peaufinent les réglages sur les motos qui sont fin prêtes pour aborder le warm-up.
 

 
Et l’ensemble de l’équipe (pilotes, ravitailleurs, pompier, chronométreurs, gestionnaires des pneus, mécaniciens, cuisinières, kiné, etc. …) se conditionne pour aborder cette très longue journée de plusieurs dizaines d’heures …
 

 
Aucun souci lors du warm-up et la moto peut donc rejoindre la piste pour la présentation des équipages.
 

 
Lorsque les procédures officielles sont terminées, la moto est installée en grille (épi type Le Mans) en 31ème position, place octroyée par la moyenne des deux meilleurs pilotes/
 

 
 
Samedi 15H00

Le départ est donné et David effectue son sprint pour rejoindre sa machine et réaliser un superbe départ, agressif mais respectant les consignes de sécurité … La course est longue et si les résultats ne se réalisent pas sur un départ, les pertes peuvent être dramatiques en cas d’accrochage ou de chute …
 

 
Après 1h00 de course, la régularité (et la sagesse !) de David qui a transmis le guidon à Tom Ward, la #27 est remontée en 28ème position, et surtout se révèle la première Suzuki après les déboires du SERT entre autres (chute dans le premier tour).
 

 
 
Les relais s’enchainent, offrant une superbe vision de cette équipe :

 Les pilotes sont d’une régularité redoutable et parfaitement homogènes dans leurs temps ;
 L’équipe technique est parfaitement rodée et donc particulièrement efficace dans ses opérations de maintenance (pleins, changements de pneus, etc . …).
 

 
A la quatrième heure (19h00) la #27 est maintenant pointée en 19ème position du général, 6ème place stock et toujours première Suzuki !
L’équipe est en osmose parfaite …
Les résultats sont là !
 

 
Puis la nuit tombe, offrant la magie de cette ronde infernale dans cet univers si particulier.
 

 
Nos trois pilotes commencent à fatiguer, mais le rythme reste incisif, même à l’appel de la parade, comme ici Tom Oliver déboulant (presque) au milieu de la fête foraine.
 

 
Ou David Shoubridge perforant la nuit, le genou à terre.
 

 
Mais à la treizième heure de course, la #27 est pointée en 24ème position.
Ce recul est engendré par une magistrale cabriole de Tom Ward dans la Dunlop …
De manière inexplicable, une durite d’huile s’est percée en projetant du lubrifiant sur le pneu arrière …
Imparable !
Néanmoins, l’efficacité du staff technique permet de limiter les dégâts sur le classement et la remontée s’opère immédiatement.
 

 
A la 16ème heure de course, la #27 se retrouve dans le top 10 de sa catégorie SST, (9ème), malgré quelques déboires, notamment au niveau du réservoir.
 

 
Mais il n’y a pas que sur la piste que se joue la course.
Pour assurer la performance et le moral de tous, les « cantinières » abreuvent en permanence les forces en présence.
 

 
Et dans la cabine de chronométrage, toutes les 3 heures les opérateurs se succèdent en assurant ainsi une parfaite communication entre la piste et le box.
 

 
 
Dimanche 15h00

Toute l’équipe s’est massée le long de la piste pour acclamer Tom Ward qui passe le drapeau à damier en 19ème position au classement général et 8éme SST.
Un résultat de très bon augure pour la prochaine étape de ce championnat du monde d’endurance qui se déroulera à Spa les 17 et 18 juin prochain.
Pour un coup d’essai avec ces 3 pilotes anglais qui ne connaissaient pas ce circuit, cela s’avère un coup de maître !
 

 
Puis c’est la délivrance en pit-lane.
 

 
Ou chacun laisse exploser sa joie, la satisfaction de l’objectif atteint.
 

 
Pour conclure, félicitations à cette sympathique équipe et tous nos remerciements à chacun pour le partage de cette passion, de ces angoisses, de ces joies au cours de cette fabuleuse semaine, en attendant avec impatience le prochain acte!
 

 
 
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