ACCESSOIRE – Pirelli, pneu Diablo Rosso IV, l’essai de Philippe Chanin, El Diablo voit rouge

Diablo Rosso voit poindre une quatrième génération de pneus routiers s’approchant toujours plus des références pistardes sans perdre ses qualités intrinsèques. Aucun miracle en cela, mais l’apport de technologies de pointe qui boostent les performances du nouveau Pirelli à son apogée. Une recette « approved by » Serge Nuques, qui nous a guidés à sa manière sur les routes forestines.
Par : Philippe Chanin – Photos : Yud Pourdieu
 

 
Pirelli France avait fixé rendez-vous entre Paris et Rouen, au sein du parc naturel régional du Vexin, pour tester sa nouvelle monte.

Point de départ, le petit village de Seraincourt, épicentre des célèbres routes à virages qui font la fierté de l’Ile-de-France.
 

 
En support technique, nous découvrons dans la cour du domaine qui nous accueille quelques roadsters et trails routiers bien énervés ainsi que le maître de cérémonie, j’ai nommé Serge Nuques, pilote éclectique champion d’Enduro, pilote d’Endurance et rallyman émérite plusieurs fois vainqueur du Moto Tour.
 

 
Pour l’heure, assis à la table qui fait face au donjon du château, the célèbre Chevalier du Groland (remember l’émission de Canal Plus) laisse la parole aux experts en pneumatiques arborant tee-shirts noirs et casquettes siglés d’un large P.

« Au sommet de la gamme Diablo qui perdure depuis 19 ans, le Rosso 4 en possède tout l’ADN.
Le remplaçant du Rosso 3 profite de l’expérience que nous avons acquise en SBK et de performances sportives accrues ».

 

 
Ce pneu routier, destiné à un éventail courant du gros roadster à la sportive musclée, serait donc parfaitement adapté à la piste !

Pour preuve, il « collerait » près de 2,5 secondes au tour dans la vue de son prédécesseur sur le circuit de Pergusa en Sicile (5 km). Enorme !

Avec une telle référence, la gamme Diablo Rosso pourrait ainsi conserver longtemps le leadership des ventes de pneus sportifs en France.
 

 
 
Yann Labarthe, directeur de la filière moto, en a fait un challenge.

« Le Rosso 3 se démarquait par son confort et ses performances, le Rosso 4 y ajoute plus de maniabilité et de grip sur le mouillé ainsi qu’une constance accrue ».
 

 
Son comportement devrait donc être peu sensible à l’usure, point sensible des pneumatiques depuis la nuit des temps.

Pour enfoncer le clou, Pirelli commercialise pour la première fois une enveloppe arrière de 200 mm destinée aux hypersportives extrêmes.

Voilà qui démarque le manufacturier italien de Metzeller (inventeur de la carcasse à 0° présente sur le Rosso 4), repris depuis peu par le groupe et plus tourné vers la gamme GT.
 

 
Si le Rosso 4 a diablement ( !) progressé en termes de carcasse, de structure et de mélanges de gommes, c’est avant tout par le dessin qu’on l’identifiera.

Toujours reconnaissable aux éclairs qui le parcourent, la nouveauté voit son ratio plein / vide évoluer.

De 13 % au centre, les sculptures du pneu arrière décroissent pour terminer en slick à l’approche de l’angle maxi.
 

 
Cette diminution des creux limite les mouvements de gommes (échauffement) qui, sur le 190/55×17 et la version en 200/55×17 (pas encore disponible à l’heure où nous écrivons ces lignes), sont au nombre de trois (deux pour les tailles inférieures) allant de la plus ferme au milieu à la plus tendre sur les flancs.
 

 
Autre spécificité propre aux tailles précitées, un noir de carbone encore plus présent dans les mélanges de résines garantit une meilleure stabilité thermique.

Devant, le pneu bi gomme (mono gomme précédemment) seulement proposé en 120/70×17, est de 33 % plus résistant au centre, alors qu’un composé inédit améliore sa tenue à la température sur les bords.
 

 
Tous profitent de nouvelles générations de silices améliorant l’accroche par temps froid et sur le mouillé.

Nous voilà confiants au moment de prendre la route…
 

 
Mais ce matin, c’est l’Angel GT2 que nous allons d’abord tester, histoire de savoir si un pur pneu de tourisme, qui n’est plus une franche nouveauté, a son mot à dire sur des motos un brin énervées.

Au menu, Aprilia RS 660, Ducati SS 950, KTM Duke 890, Suzuki GSX-S 1000 et Triumph Speed Triple 1200 RS se disputent la vedette.
 

 
J’opte pour la nouvelle Anglaise, son gros souffle et son formidable châssis.

Le pneu de deux ans d’âge a admirablement bien vieilli.

S’inscrivant sur le segment sport-GT, il convient aux mêmes machines que le Rosso auquel il laisse l’apanage de la piste.
 

 
Avec sa bande de roulement affinée et aux cordes à terminaisons variables de sa carcasse, il confère à la Triumph une tenue optimale sur mauvais revêtement.

Bien que vanté comme étant très performant sur le mouillé, nous le testerons uniquement sur le sec ce matin.

Rien à redire, l’Angel GT est un excellent pneu de tourisme et lorsqu’on hausse le rythme, il suit parfaitement la cadence.
 

 
Il faudrait la mise en condition extrême d’un pilotage rapide, très rapide même aux commandes d’une moto surpuissante et des prises d’angles optimales pour en venir à bout.

Ou alors une incursion sur piste où les exigences montent d’un cran.
 

 
La pluie, pourtant habituée de la région du Vexin, nous boude aujourd’hui.

Pas cool pour tester les Pirelli sportifs sur le wait, mais il serait malvenu de (trop) se plaindre d’une météo estivale !

Après le repas dans la cour du château, nous retrouvons nos machines chaussées entre-temps de nouveaux Rosso 4.
 

 
On dit merci qui ?

Merci à nos monteurs qui n’ont pas pris le temps de manger.

Pour ce test grandeur nature, je choisis la Ducati 900 Supersport, version à peine assagie du twin 899 Panigale.

Vous savez, le bébé de la 1100 V4…
 

 
Au guidon de sa « vieille » Yamaha MT10, Sergei (Nuques) démarre la session en wheeling et les gaz grand ouverts.

Pour ma part, je resterai sur deux roues alors que notre guide aura peu l’occasion d’user son pneumatique avant.

Ma conscience professionnelle est totale… et rassurante.

Chaussée du Rosso 4, la Ducati trace les trajectoires au cordeau.
 

 
La mise sur l’angle s’effectue toujours de façon progressive, comme l’ont désiré les ingénieurs en privilégiant un profil arrondi à celui d’un profil pointu qui se montrerait plus vif.

Certes, notre Ducati secoue un peu sur les raccords de bitume, mais on ne peut lui en vouloir ni à ses pneus car elle a ça dans les gênes.

Quoi qu’il en soit, la ceinture acier à 0° du sportif Rosso 4 se montre plus rigide que celle du pneu routier, c’est sa substantifique moelle.

Et elle sera moins sensible aux déformations en conditions ultimes.
 

 
Plus légers, plus rigides, les brins d’acier qui recouvrent sa carcasse sont moins nombreux de 20 % à l’avant et de 19 % à l’arrière.

A l’usage, la confiance est totale et les retours d’informations appréciables au rythme que nous menons.

On prend rapidement conscience que le pneu a été conçu pour les machines modernes avec leur lot d’assistances électroniques, tant ses limites semblent inatteignables sur ces routes finalement trop peu riches en variétés de virages.
 

 
Il faut hausser la cadence et la hausser encore pour apprécier le feeling supérieur à celui de l’Angel GT que nous avons roulé ce matin.

Plus intuitif encore mais toujours progressif lors de la prise d’angle, le train avant émerveille par sa précision sans trop sacrifier au confort.

L’arrière, chaussé en 190/55×17, motrice parfaitement.

Il semble scotché au revêtement sur les accélérations anglées en sorties de courbes.
 

 
On reste songeur quant aux performances du tri gomme 200/55×17 qui équipera les motos de 200 chevaux ou plus, dont les 42 % de gommes latérales sont identiques à celle du pistard Supercorsa SC3 !

Et dire que ce pneu doit aussi rester jeune plus longtemps que le Diablo Rosso 3, ses nouveaux silices parfaitement mixés évitant l’usure en escalier caractéristique de certains multi gommes…
 

 
Au terme de notre essai, le Pirelli Diablo Rosso 4 n’a souffert d’aucune critique.

Mais nous aurions aimé le tester sur piste où sur les routes exigeantes du sud du pays pour en sortir (probablement) plus émerveillés encore.
 

 
 
Tarifs :

Train complet 120/70×17 et 180/55×17 à partir de 279 €
Train complet 120/70×17 et 190/50×17 à partir de 289 €
 

 
Tailles disponibles :

Avant
120/70×17

Arrière
160/60×17
180/55×17
190/50×17
190/55×17
200/55×17
200/60×17