CLASSIQUE – le Belgian Classic Trophy 2022, le compte rendu

Cette série de courses d’anciennes organisée par le CRMB (Classic Racing Motorcycle Belgium) depuis 2006 est l’excellent résultat d’une alchimie aussi complexe qu’attrayante.
Après deux années d’abstinence forcée, cette édition est particulièrement attendue.

Les résultats officiels
 

 
 
Tout d’abord, le circuit :

Situé dans le cadre bucolique des Ardennes Belges, serpentant entre champs, prairies, forêt et bourgs, plongeant dans les vallons avant d’aboutir aux crêtes, ce circuit routier déroule 22 virages et une chicane.
Un fantastique terrain de jeu pour des pilotes passionnés et un fabuleux décor offert aux spectateurs.
 
Photo A2
 
 
Ensuite, l’organisation :

Autour de l’équipe du CRMB une armée de bénévoles œuvre depuis une quinzaine de jours pour préparer les lieux et sécuriser le circuit à l’aide, entre autres, d’une multitude de bottes de paille, de kilomètres de rubalise, de centaines de panonceaux (restrictions d’accès, interdiction de feux, annonces de virages, etc …).
 

 
Mais d’autres composantes viennent s’intégrer dans cette organisation complexe et pourtant parfaitement huilée : Les officiels de la FMB (Fédération Motocycliste Belge), les services de secours (médecins, ambulances, ramassages) et la cohorte de commissaires.
 

 
Jeudi 18 août, nous arrivons sur le circuit dans l’après-midi afin de nous mettre en règle (décharges, assurances, récupération des chasubles, etc. …) en vue d’être immédiatement opérationnels le lendemain. C’est aussi l’occasion d’assister aux diverses procédures préparatoires comme les contrôles administratifs et techniques. Le site est déjà une ruche vrombissante et le programme des 3 jours à venir est chargé :
 

 
Vendredi matin nous sommes accueillis par la sympathique équipe de l’entrée « Gribelle » dont la tâche sera rude au cours de ces trois jours : fournir les tickets d’entrée, gérer les flux de spectateurs en fonction des courses, maintenir le passage libre pour les secours éventuels.
 

 
Et dans l’attente des premiers départs de cette journée d’essais chronométrés, nous plongeons dans le paddock.
La notion de « Continental Circus » (surnom du Championnat du Monde des années 70) prend là toute sa saveur.
Dans un écrin de verdure, parfois séparés par des ruisseaux, les participants forment un village aussi hétéroclite que bouillonnant ;
Un véritable musée vivant où les plus jeunes peuvent juger des évolutions ;
Un bain de jouvence teinté de nostalgie pour les plus anciens ;
Une source de culture de l’histoire motocycliste pour tous !

De la frêle mais vivace Kreidler (50 cc) aux multiples titres mondiaux ;
 

 
A l’imposante MV-Agusta (750cc) dominant aussi sa catégorie en son temps.
 

 
D’élégantes anglaises (AJS 500cc) se pavanent ;
 

 
Face à de rageuses italiennes (Laverda 750cc).
 

 
Mais également des solutions mécaniques improbables comme sur cette Rudge (250cc) :
 

 
C’est aussi l’occasion de découvrir nombre de side-cars tel cet attelage anglais (Norton 750cc) :
 

 
Enfin, place aux essais chronométrés qui débutent avec la voiture du directeur de course pour ouvrir la voie.
 

 
En pré-grille, les pilotes attendent la fin de la série précédente. La pression monte, ils entrent dans leur bulle, les visages deviennent graves, à l’image de ce pilote belge sur un Triumph T25 (250cc) :
 

 
Puis ils prennent possession de la route, série après série, d’abord les solos :
 

 
Ensuite les side-cars :
 

 
Ainsi s’enchainent les 12 séries pour les essais chrono1 puis 6 séries pour les essais chrono2.
 

 
Samedi matin, ouverture du bal de bonne heure … 8h00 pour une matinée de séances chrono 2 jusqu’à 10h20 !
Le rite est immuable : une série est sur la piste pendant que la suivante prend place en pré-grille.
 

 
Entre chaque session, la route est inspectée par les commissaires, des véhicules de ramassage prennent en charge les éventuelles machines en panne et si besoin, des engins plus lourds interviennent dans un but sécuritaire pour entretenir le bitume :
 

 
Pendant ces intermèdes, les spectateurs, nombreux, peuvent emprunter le circuit pour changer de point de vue. Mais ces « transhumances » sont strictement encadrées par les commissaires, vigilants, inébranlables et parfois incisifs envers les rares contrevenants :
 

 
A l’occasion de photos réalisées au poste 16, nous apercevons subitement un nuage de poussière au niveau du poste 14. Un concurrent vient de chuter après avoir mordu l’herbe du bas-côté.
De quoi vérifier la capacité de réaction exceptionnelle de l’organisation.

Les drapeaux rouges fleurissent immédiatement et les équipes de secours sont très rapidement sur place, à savoir un médecin, le directeur de course, une ambulance, un véhicule de ramassage dont les équipiers assurent aussi à la remise en état du lieu avec les commissaires.
Une orchestration aussi impressionnante qu’efficace !
 

 
A partir de 10h45 débutent les courses (en moyenne une demi-heure chacune), jusqu’au dimanche soir, et là encore, nous discernons cette fameuse ambiance « Continental Circus » de par la proximité des spectateurs (dans les zones à faibles risques, bien sûr), contrairement à l’aseptisation des courses modernes :
 

 
Et il s’agit bien de courses et non pas simplement d’exhibitions. D’ailleurs, de nombreux pilotes expriment leurs sentiments : « avant, on se raisonne, mais rapidement l’esprit de compétition prend le dessus et nous allons chercher les temps, ou le concurrent qui est devant ».
Ils vont donc chercher les limites … et parfois les trouvent :
 

 
Ou font un « tout droit », ici à Robio, poste 10, et tellement pressé de repartir, on en oublie le singe (terme consacré du passager qui a la lourde tâche d’équilibrer l’attelage) …
Heureusement, les commissaires, attentifs, ont pu l’arrêter à temps !
 

 
Les machines aussi sont mises à rude épreuve.
Bernard Fau nous explique que son embrayage souffre dans les trois épingles (Gribelles, Robio et Patignies – photo). Il reconditionne donc sa Yamaha TZ 350 #17 dans la nuit de samedi à dimanche pour profiter au mieux de cette dernière journée.
 

 
En fin d’après-midi, l’activité du bar décuple et les discussions vont bon train dans un calme relatif retrouvé … en l’absence du « doux ronronnement » des motos !
 

 
Les food-trucks sont pris d’assaut, ainsi que les quelques échoppes proposant accessoires, vêtements, ou DVD comme « Il était une fois le Continental Circus » ou « Johann Zarco, l’audace d’un champion » réalisés par Bernard Fau … qui n’est pas que pilote !
Il faut toutefois préciser que Bernard était l’un des derniers pilote privé du Continental Circus dans les années 1970 (avec, entre autre le regretté Jack Findlay) et qu’il faisait souvent briller le camp français avec les Pons ou Rougerie par exemple …
Sa biographie est disponible sur Bike70.com.
 

 
La soirée de ce samedi se termine par deux concerts dont le premier est animé par un fan d’Elvis Presley assurant parfaitement sa fonction d’homme-orchestre …
 

 
Le dimanche est exclusivement réservé aux courses et une procédure particulière permet à chaque pilote d’entrer en pré-grille : l’alcootest … qui indique simplement positif ou négatif.
Même si l’ambiance générale est sereine, on ne badine pas avec la sécurité ici !
 

 
Et chaque course se ponctue par un podium et une remise de coupes :
 

 
 
En conclusion.

3 jours, c’est trop long en termes de fatigue … mais beaucoup trop court pour tout voir, tout vivre … et tout retranscrire !
Mais quels fabuleux moments de passion partagée, de rencontres, de découvertes …
 

 
 
Pour terminer, quelques hommages :

Tout d’abord à la formidable équipe du CRMB dont l’un des piliers, Eddy De Keyser, est omniprésent partout, sur la piste, les podiums, auprès des équipiers … et même, parfois, au bar !
Et ceux que l’on ne voit pas mais qui sont adulés par les bénévoles comme ce « Chef Coq » qui a fait prendre quelques kilos à certains au cours de ces quinze derniers jours !

Les officiels de la FMB (Fédération Motocycliste Belge) qui assurent avec brio leurs diverses missions :
 

 
L’ensemble des commissaires sans lesquels ces moments extraordinaires ne seraient pas, et pour les représenter, Karl, leur responsable qui nous vante aussi les qualités d’accueil du CRMB avec, entre autre, la fourniture des paniers repas (une navette fait le tour du circuit pour assurer les livraisons).
 

 
Ou ce jeune de 16 ans, qui officie ici en tant que stagiaire, fier d’assurer son poste et visiblement motivé pour se lancer dans ce sacerdoce.
 

 
Les femmes, omniprésentes et pas seulement pour assurer la logistique, mais aussi au guidon ou en tant que singe dans le panier (passagère de side-car) sans omettre leur autre rôle de Maman …
 

 
Voire même assurant la mécanique :
 

 
Ou qui poussent au paroxysme en utilisant des « umbrella boys » !
 

 
Un immense MERCI à tous, bénévoles et participants, pour cette énorme bulle de plaisir, pour ces retrouvailles particulièrement réussies après la parenthèse forcée …
Vivement 2023 !
 
 
Le super album photo