SIDECAR 2020 – entretien avec Jean Miche Lafay représentant des équipages sidecaristes

Éric Sauvage a rencontré Jean Miche Lafay représentant des équipages sidecaristes FSBK et nous fait découvrir la fonction de cet homme de l’ombre qui oeuvre beaucoup pour la discipline.
 

 
 
Éric Sauvage – Jean–Michel pouvez-vous vous présenter ?

Jean Michel Lafay

Depuis 57 ans, je fais partie d’une « famille de la course » sur circuit principalement.

Mon père courait sur une Mini 1300 S, formait les mécaniciens de circuit en construisant des mono-places et ses meilleurs élèves étaient embauchés dans les écuries les plus performantes au service de Prost et Senna par exemple.

Mon oncle, motard dans l’âme, m’abreuvait de Moto-Revue où Alain Michel et Jean-Marc Fresc posaient en couverture…ce temps est loin !

A cette époque, après des roulages en moto-cross et autres monocycles, j’ai assisté mon frère qui courait en rallye sur une groupe F.

Puis j’ai soutenu mon beau-frère qui courait sur circuit terre, il a été champion de France lors de sa première participation.

Nous « bricolions » aussi les cadres des OW31 de Dominique Pernet engagé chez les frères Maingret (Moraco) à l’époque du Continental Circus, chez Honda Dholda puis au SERT avec Dominique Melian.

Et l’histoire semble perdurer puisque mes neveux sont pour l’un, chef de voiture chez Sebastien Loeb Racing et pour les autres ingénieurs chez Airbus et Latécoère.

On trempe tous dedans depuis tout petit, alors j’ai appris à observer les détails et disons que je suis un meilleur mécano des hommes que des machines.

C’est pour ça que j’aime profondément les sidecaristes.

Ils doivent jouer à deux une partition pour un seul instrument instable et quand ils ont l’harmonie, j’ai rarement vu plus spectaculaire que leurs concerts.
 
avec Kevin Rousseau
 
 
Éric Sauvage – Comment êtes-vous venu au side-car ?

Jean Michel Lafay

Sur la place du village où nous habitons depuis 1999, nous ouvrons un forum des associations, pour permettre aux jeunes de connaître mieux le tissu associatif et s’intégrer dans une structure s’ils le souhaitent.

J’étais là avec mon épouse en 2003 pour promouvoir la bibliothèque qu’on venait d’informatiser, et sous la tendue voisine, il y avait le jeune Sébastien D. qui présentait sa structure et ses ambitions en mondial.

Autant dire que j’ai laissé les mammys s’occuper des livres et très vite, j’ai « driffté » dans le stand d’à côté.
 
avec Emmanuelle Clément
 
 
Éric Sauvage – Pouvez-vous me parler de votre parcours sidecariste ?

Jean Michel Lafay

Au forum du village donc, Sébastien m’informe qu’il doit participer aux qualifications pour le Mondial (c’était le « Superside » et il fallait se qualifier avant le championnat) et qu’il n’a personne en assistance.

Ça doit se passer à Cartagena en février et … je crois que j’ai des congés à prendre.

C’est donc pendant une semaine en Espagne que je découvre la bête à 3 roues, deux équipiers et un esprit, directement dans le grand bain.

Seb aux manettes et Jérôme Vannier sur la planche.

Il y a là les Webster, Abbott et autres cadors de l’époque sans oublier les français, Jean-Noël Minguet qui vient d’ampiler 4 titres de champion de France et un ado prometteur sur la planche de son papa Jeannot, le jeune Gregory Cluze.

Lors des premières scéances, par « inadvertance », Seb et Jérôme claquent le record de la piste, ils sont donc qualifiés … contrat rempli … et s’en suivront les 15 années que nous venons de vivre comme un éclair, entrecoupées de quelques pauses sans engagement.

En 2005/2006 j’ai passé mon brevet de pilote et pris en charge la trésorerie d’un club d’ULM pendulaire.

Puis deux ou trois ans après, Seb a eu quelques soucis de santé.

En 2010 nous décidons d’alléger la structure selon la formule d’Alain Michel, et de repartir en 2011 à trois personnes avec un nouveau châssis et un très gros travail de fond pour revenir avec force et détermination.

Pour résumer : nous avons pris 14 titres dont les 10 derniers d’affilée, une quatrième puis troisième place au mondial et un podium à chaque engagement wild card, avec des équipiers tous aussi performants et talentueux sur la planche : Jérôme Vannier, Nicolas Bidault, Mike Capon, Rémi Guignard, Grégory Cluze, Sébastien Lavorel, Emmanuelle Clément, Damien Common et Kevin Rousseau.
 

 
 
Éric Sauvage – Comment devient-on et comment on choisit le représentant des pilotes ?

Jean Michel Lafay

Les délégués des pilotes et passagers sont élus par les engagés eux-mêmes, généralement lors du premier briefing qui se tient d’ordinaire au Mans.

Cette année, la situation sanitaire a décalé le premier briefing à Magny-Cours.

Il y a un délégué élu par catégorie solo ou side-car.
 

 
 
Éric Sauvage – Quelles sont vos motivations ?

Jean Michel Lafay

En septembre 2019, j’avais informé Sébastien et Kévin que je mettrais fin à notre collaboration en fin de saison, sachant qu’en parallèle, je risquais de perdre mon emploi.

Je souhaitais donc me recentrer sur l’essentiel : l’alimentaire.

Après un « deal », mon patron m’a proposé un départ en pré-retraite.

L’alimentaire étant assuré et le temps m’étant offert, l’équipe Promoside à sauté sur l’occasion pour me solliciter en vue d’une collaboration rapprochée.

J’ai donné un point de vue qui a été entendu et pour être crédible auprès des instances, j’ai passé la qualification de commissaire technique.

J’ai donc repris le chemin des circuits sans vraiment l’avoir quitté.
 
avec Kevin Rousseau et Emmanuelle Clément
 
 
Éric Sauvage – Pouvez-vous définir la fonction de représentant des pilotes ?

Jean Michel Lafay

C’est une fonction représentative, les organisateurs ont besoin d’un correspondant et jusqu’à aujourd’hui, le paddock side-car avait toujours élu soit la championne/le champion, soit celle ou celui qui était volontaire pour prendre ce poste.

Il faut courir partout, diffuser l’information descendante de l’organisation et des instances fédérales, modification d’horaire, gérer les forfaits, organiser l’unité, transmettre les messages du paddock en retour, les modifications d’équipage, participer aux briefings et réunions, et subir parfois les reproches, en défendant les causes des uns ou des autres face à un règlement sur lequel le jury est adossé.

Lorsqu’un concurrent est convoqué auprès du jury, il est accompagné du représentant de sa catégorie.
 
 
Éric Sauvage – Quelle est la durée de votre mandat ?

Jean Michel Lafay

Le mandat dure une saison et une nouvelle élection est organisée chaque année.
 
avec Sébastien Delannoy et Kevin Rousseau
 
 
Éric Sauvage – Quels sont vos objectifs pour cette saison 2020 ?

Jean Michel Lafay

J’ai assisté aux progrès réalisés pour crédibiliser le side au plus haut niveau, à l’évolution de la présentation des machines, à la présentation des structures…etc.

Depuis que je côtoie ce paddock, j’ai vu travailler Sébastien Delannoy, Pierre Leguen, Estelle Leblond puis Claude Vinet élus ou réélus l’un après l’autre.

J’ai constaté les difficultés qu’ils ont eu à gérer à la fois leur propre structure, leur championnat et le reste du paddock.

J’ai donc proposé de tester un acteur « extérieur » aux engagés mais qui soit impliqué, disponible et connecté à « radio-paddock ».

Mes premiers objectifs sont donc basés sur des constats : Continuer le travail accompli en collaboration étroite avec les acteurs et les instances fédérales sans être ni juge ni partie et participer, si besoin, aux adaptations réglementaires spécifiques aux sides.

J’ai souhaité être présent en salle vidéo pendant les épreuves pour avoir des informations fiables, être acteur des décisions qui nous concernent et répondre en direct aux sollicitations de la direction de course et du jury.

Ceci m’a été accordé et je dois les remercier pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé.

J’aimerais aussi systématiser les vérifications directement dans notre paddock. On sait que nos machines ne sont pas simples à manoeuvrer et sauf besoin particulier, j’aimerais que le contrôle soit effectué machine sur cales pour vérifier le chassis, tester les jeux de roulements et de biellettes et ensuite posée au sol pour les freins et tout le reste.

Pour ça il faudra que chaque équipage m’informe du moment le plus approprié (organiser l’unité), afin de vérifier tout le parc avant l’intervention des commissaires techniques officiels.
 

 
 
Éric Sauvage – Une question que vous auriez aimé que je vous pose ?

Jean Michel Lafay

Aucune en particulier, je suis à l’écoute de toutes et de tous (notre catégorie est l’une des plus représentative de la mixité du sport mécanique) et assez ouvert pour échanger sur tous les sujets, comprendre les différents avis et en tirer la quintescence pour servir notre sport.
 
 
Éric Sauvage – Merci, pour vos réponses, Souhaitez-vous rajouter quelque chose ?

Jean Michel Lafay

Je rajouterai simplement que ma plus grande fierté pendant toutes ces années c’est d’avoir vu Greg (Cluze) deux fois champion du Monde (F1 et F2), Kevin (Rousseau) et Manu (Clément) apprendre la haute vitesse avec Seb et s’élever au plus haut de la hiérarchie mondiale.

Je pense qu’ils vont encore nous montrer de grandes choses derrière Tim (Reeves) et Pekka (Païvarinta) qu’on peut qualifier pour le moins de « références » s’il en est.

Ces deux là ne font pas leur marché n’importe où !!

Je vous « embrasque » (c’est un bisou avec un masque ;o))

Jean-Michel dit « le fameux béret »