SIDECAR – Superside, Emmanuelle Clément debrief sa saison 2021 avec Éric Sauvage

Eric Sauvage a interviewé Emmanuelle Clément après sa magnifique saison en compagnie de Todd Ellis puisque l’équipage termine 2ème du championnat du monde.
 

 
 
Éric Sauvage – Bonjour Emmanuelle. Merci de prendre le temps pour participer à ce questionnaire. Voilà quelques questions pour toi. Félicitations pour ce titre de vice-championne du monde et l’ensemble de ta saison. Tu espérais un podium pour cette saison 2021, tu es vice-championne du monde ça change quoi pour toi ?

Emmanuelle Clément – Cela change beaucoup de choses, d’un trophée je passe à la médaille d’argent ce qui énorme. Jamais je n’aurais imaginé ça.
 
Pekka Päivärinta
 
 
Éric Sauvage – Revenons sur ton début de saison. En début d’année tu t’es retrouvée sans pilote, Pekka Päivärinta ne devait pas participer au championnat du monde F.I.M. side-car.
 
Bennie Streuer
 
On te retrouve au Mans pour la première manche F.S.B.K. avec le champion du monde 2015 Bennie Streuer.
Cette première collaboration se termine par une première place lors de la course 1 et une deuxième place course 2. Un début de saison qui laisse entrevoir de belles promesses.

 
Bennie Streuer et Emmanuelle Clément
 
Malheureusement début avril, vous avez un accident lors d’une séance d’entraînement à Oschersleben. Tu te retrouves de nouveau à pied.
 
Bennie Streuer et Emmanuelle Clément
 
Tu remplaces Charlie Richardson à la manche d’ouverture du championnat du monde F.I.M. side-car pour faire équipe avec Todd Ellis.
Le weekend se termine avec tes premiers podiums en mondial (3ème course 1, 2ème course 2)
Comment as-tu vécu ce début de saison ?

Emmanuelle Clément – Ce début de saison a été compliqué en effet car tout se passait pour le mieux jusqu’au moment du crash. Tout de suite après je voyais ma saison fichue car malheureusement Bennie ne pouvait pas remonter sur le side avant juillet, ce qui nous faisais louper trois weekends de mondial donc peu de chance d’être dans le top 3.

Puis, la vie étant étrangement faite, grâce au Covid (je vais grandement le remercier pour une fois) en quelque sorte, j’ai eu une opportunité unique de vivre une telle saison.
 

 
 
Éric Sauvage – Comment es-tu devenue passagère de Todd Ellis pour l’ensemble de la saison?

Emmanuelle Clément – Tout d’abord, la course du Mans a été reportée au mois de juin, ce qui laissait plus de temps pour peut-être trouver un pilote pour le début de saison. Puis courant mai, Robert Biggs m’avait contactée car son passager ne pouvait pas venir pour Le Mans. J’ai donc accepté car cela m’aurait remis en jambes et c’est un pilote expérimenté.

Puis, suite aux restrictions dues au Covid, les teams anglais voulant participer à l’épreuve du Mans devaient justifier de leur présence aux alentours du circuit une semaine avant la course. Robert Biggs ne pouvant pas se déplacer aussi tôt, je me retrouvais de nouveau sans pilote.
 
Todd Ellis
 
Puis suite à cette polémique, Todd Ellis voulant vraiment participer à l’intégralité du Championnat, m’a contactée car son passager ne pouvait pas venir. Etant sur place pour ma part, j’ai accepté mais avec une légère hésitation au début.

Le weekend au Mans s’est tellement bien déroulé (j’ai eu un déclic que je n’avais jamais eu auparavant) que Todd m’a immédiatement demandé ce que je faisais en 2022. Puis il m’a demandé si je venais en Hongrie.
 
Tim Reeves et Kevin Rousseau
 
Son passager étant de retour dans le panier en Hongrie, j’étais présente pour aider Tim Reeves et Kevin Rousseau au début du weekend puis il s’est avéré que Charlie ne se sentait pas de tenir la distance de la course. C’est à ce moment que Todd est venu me demander si je voulais faire toute la saison avec lui.

Bien évidemment j’étais très embêtée pour Bennie mais le feeling avec Todd était juste inexplicable. C’est à partir de là que j’ai changé de team.
 
Todd Ellis et Emmanuelle Clément
 
 
Éric Sauvage – Comment la complémentarité s’est exprimée ?

Emmanuelle Clément – Tout simplement en montant sur la machine. Premiers essais privés au Mans, nous effectuons d’entrée de jeu 18 tours afin de voir si l’on pouvait tenir la distance de la course et tout s’est très bien passé, un feeling que je n’avais ressenti auparavant, comme si j’avais enfin trouvé mon pilote.

Puis de courses en courses nous avons construit une relation de confiance et une petite bulle ce qui nous a permis d’obtenir cette complémentarité qui est très importante dans ce sport, car on passe la grande majorité de notre temps dans le box à chercher les derniers centièmes, dixièmes et accomplir cela en piste.
 

 
 
Éric Sauvage – Comment as-tu vécu ta première victoire en championnat du monde F.I.M. side-car, victoire acquise sur les terres de ton pilote Todd Ellis?

Emmanuelle Clément – Ce weekend à Donington Park fut presque parfait (mis à part la seconde course). Nous avons obtenu la pole position avec 4 dixièmes d’avance sur nos concurrents, ce qui nous a mis en confiance. Puis cette première course annonçait une belle bataille avec l’équipage Reeves/Rousseau.

Suite à une erreur, nous passons en tête et finissons la course avec de l’avance. J’étais tellement heureuse que lors du tour de ralentissement je pleurais toute seule dans mon casque, je n’espérais pas tant de cette saison.
 

 
 
Éric Sauvage – Comment analyses-tu les performances de Todd Ellis ?

Emmanuelle Clément – A mes yeux, et non pas parce que c’est mon pilote, c’est un pur talent. Todd n’avait jamais roulé sur la plupart des circuits de Mondial et après seulement quelques tours et ajustements il arrive à atteindre les chronos des meilleurs pilotes voir même des pôles positions. Et tout cela en étant calme, détendu et fluide sur la piste et c’est ce que j’adore chez lui.

En Croatie nous avons effectué un chrono (à quelques dixièmes du record de piste) lors d’un warm up alors que l’on n’espérait rien de ce warm up.
 

 
 
Éric Sauvage – Peux-tu nous parler de Todd Ellis, quels sont ses points forts et les points à améliorer ?

Emmanuelle Clément – Points forts, je dirais qu’il apprend très vite, qu’il maîtrise sa machine tant sur la piste que dans le box et qu’il est également fort mentalement lors de batailles mais aussi très bon pour les grilles inversées en BSB. Les points à améliorer, les départs qui n’ont pas toujours été bons au début de saison.
 

 
 
Éric Sauvage – Après les faits de course à Donington et à Assen, comment as-tu réagi ? Le pacte de début de saison avec Kevin (sur la piste pas de pitié, on est rival et en dehors on est soudé comme un vrai team.) a-t-il été remis en question ?

Emmanuelle Clément – Après Donington, ça allait encore, on a pris ça à la rigolade (même si cela était quand même sérieux car les deux machines ont été endommagées) sans doute car c’était le dernier tour et que l’on savait qu’il allait se passer quelque chose. A Assen je ne m’attendais absolument pas à ce qui s’est passé en course et sur le coup j’étais plus qu’en colère mais il faut savoir garder son sang-froid et être plus intelligent.

Le weekend était très intense mentalement après cet incident. Et après cet épisode à Assen, le pacte a été remis en question car la piste est certes la piste mais en dehors de cela rien n’était plus pareil malheureusement, mais je pense que l’on savait que cela n’aiderait pas. Bref la vie est drôlement faite.
 

 
 
Éric Sauvage – 12 podiums en championnat du monde F.I.M side-car vice-championne du monde, 6 podiums en championnat d’Angleterre avec une 3ème place finale sans avoir participé à l’ensemble de la saison.
Que retiens-tu de cette saison 2021, les meilleurs souvenirs et les moins bons, comment analyses-tu ta saison?

Emmanuelle Clément – Pour moi c’est pour le moment ma plus belle saison depuis mes débuts en sidecar ; Une saison qui a mal commencé entre guillemets, avec un gros crash, et qui se finit avec une médaille d’argent aux côtés d’un pilote avec qui je n’aurais jamais pensé rouler, c’est juste une incroyable expérience.

Je n’ai jamais pris autant de plaisir sur le sidecar à tel point que je parle à cette machine. Nous avons appris beaucoup de choses cette année et nous voulons performer tout cela l’année prochaine.

Les meilleurs moments il y en a plein, comme notre parfait weekend au Redbull Ring, le weekend de BSB à Cadwell Park (qui est mon circuit préféré maintenant), les premiers podiums, la première victoire, les roads trips de course en course, la première médaille de Mondial, bref toute la saison 2021 et les moins bons, l’incident à Assen et notre dernier weekend à Estoril, au cours duquel nous avons continué notre apprentissage et fait pas mal de sorties de piste.
 

 
 
Éric Sauvage – As-tu des points à améliorer?

Emmanuelle Clément – Il y a toujours quelque chose à améliorer, autant pour le pilote que pour le passager et sur la machine. Je vais continuer à travailler pour cela et selon ce que mon pilote ressent je change également mon style car il faut savoir s’adapter au pilotage d’un nouveau pilote mais également aux différentes pistes et aux différentes conditions météorologiques ; C’est un travail constant et qui s’améliore sans arrêt.
 
Markus Schlosser et Marcel Fries
 
 
Éric Sauvage – As-tu changé ta préparation physique ?

Emmanuelle Clément – Je continue toujours le crossfit car cela m’aide énormément à me dépasser tant physiquement que mentalement et j’essaye également de varier avec d’autres sports.

Éric Sauvage – Que penses-tu de la saison de Markus Schlosser-Marcel Fries, que vous a-t-il manqué pour les inquiéter ?

Emmanuelle Clément – Je suis très heureuse pour eux car ils méritent amplement leur titre, ils ont été très forts. Ils ont été très constants tout comme nous (mis à part des faits de course) mais là où ils ont plus que performé je dirais que c’est sur la mécanique de leur machine car en ligne droite ils étaient très impressionnants par rapport à l’ensemble du plateau.

C’est ce qui fait d’eux des champions il n’y a pas de doute. Il nous a manqué l’expérience qu’ils ont pour les inquiéter et sûrement la manche de Brands Hatch qui a été annulée malheureusement et qui aurait peut être pu nous rapprocher d’eux.

Avec des « Si » on refait le monde comme on dit. Ils ont su prouver que c’etaient les meilleurs et BRAVO à eux.
 

 
 
Éric Sauvage – Tu as été dans les deux plus grands teams side-car, Santander Salt Sidecar Team et Team Bonovo Action. Peux-tu nous donner leurs points forts et leurs points faibles ?

Emmanuelle Clément – En effet ce sont deux très grands teams et qui font beaucoup pour ce sport. Ce sont deux très bons teams et j’ai la chance d’en avoir fait partie et d’en faire partie actuellement car niveau sponsoring cela aide énormément. Le Team Bonovo est allemand, très carré dans ce qu’il fait et sponsorise également de grands pilotes en Superbike Mondial.

Du côté de Santander Salt, cent pour cent anglais, il y a une bonne organisation mais je dirais que l’ambiance est un peu plus cool, à l’anglaise quoi et cela me correspond. Je dirais qu’il n’y a pas de points forts ni de points faibles, chaque team est différent tant dans sa mentalité que dans ses actions et c’est ce qui est bien car il en faut pour tout le monde.

En tout cas Roger Body et Jürgen Röder sont deux personnes qui veulent faire avancer les choses dans ce milieu et c’est une grande chance pour le sidecar.
 

 
 
Éric Sauvage – Le team à son importance dans les résultats, peux-tu nous le présenter ?

Emmanuelle Clément – Roger Body est à l’origine du Team Santander Salt, nous avons toute une équipe pour l’intendance qui sont des amis et la famille. Nous avons des coéquipiers Robert Biggs/Jeroem Schmitz qui ont fait le BSB complet et des wildcards en mondial.

Cette année nous avons également eu un coéquipier en 600 Superstock en BSB, Jake Dixon (cousin de Jake Dixon qui roule en Moto 2)et qui a finit champion de sa catégorie. J’ai bien été intégrée dans le team et c’est comme une grande famille.

Pour tout ce qui est mécanique nous nous débrouillons tous les deux avec Todd et Gary Bryan (le beau-père de Todd qui roule en F2 au TT) nous aide beaucoup niveau moteur. Le team a en effet sont importance dans le résultat, car il nous apporte une structure et bien évidemment sans Santander Salt nous ne pourrions participer au Championnat du Monde niveau budgétaire, l’argent c’est le nerf de la guerre et ça tout le monde le sait.
 

 
 
Éric Sauvage – Quels sont tes projets en 2022?

Emmanuelle Clément – Pour 2022, plein de projets mais surtout essayer de performer un peu plus au Championnat du Monde et peut-être quelques courses de BSB s’il n’y a pas de concordances de dates. Les autres projets restent secrets.
 

 
 
Éric Sauvage – Repars-tu avec Todd Ellis et le team Santander Salt Sidecar Team?

Emmanuelle Clément – Oui à mon grand plaisir je repars avec Todd et avec le Team Santander Salt.
 

 
 
Éric Sauvage – Avez-vous déterminé les points à améliorer et quels sont-ils ?

Emmanuelle Clément – Oui, la plupart du travail se trouve sur l’amélioration de la machine, et je pense que weekend après weekend il y aura d’autres choses à améliorer.
 

 
 
Éric Sauvage – Souhaites-tu rajouter quelque chose ?

Emmanuelle Clément – Un grand remerciement à mon team Santander Salt, aux sponsors bien évidemment, à nos familles et toutes les personnes qui nous soutiennent et un dernier remerciement à mon pilote Todd pour partager son sidecar avec moi.
Un grand merci pour ta participation.
Merci à toi Eric.